Paru le 15/10/2011
Les formulaires et autres photocopies s’entassent dans le dossier du plaignant qui a conservé les procès-verbaux où « Madame expliquait être bien traitée dans sa belle-famille ». Photo Muriel Judic
SOCIÉTÉ. JOURNÉE DE MOBILISATION CONTRE LES MARIAGES GRIS À PARIS CE SAMEDI.« Escroquerie sentimentale »
« Il faut faire connaître le mariage gris et prévenir les gens des risques de tromperie », scande cet habitant de la région creusotine qui accepte de confier son histoire sous couvert d’anonymat.
Le trentenaire, cadre dans une entreprise de la cité du Pilon s’en veut d’avoir été « trop naïf ». Son histoire remonte à l’hiver 2007, alors qu’il passait une semaine de vacances en Algérie. « J’ai rencontré une jeune femme, très jolie. Ça a été le coup de foudre ». Français d’origine algérienne, le jeune homme de confession musulmane a le sentiment que le courant passe avec l’étudiante. Avant de repartir pour la France, les deux tourtereaux se passent la bague au doigt en mairie. De retour chez lui, le marié fait reconnaître son union civile au Creusot. Un an plus tard, la jeune femme arrive en France avec son visa en poche. « Les ennuis ont commencé deux jours après son installation sous le toit familial. J’ai appris qu’elle portait plainte contre moi pour séquestration et viol ! », relate, ému, l’intéressé.
Contribution aux charges de mariage
La mariée disparaît alors pour, semble-t-il, s’installer dans le Sud. « Les plaintes à mon encontre ont heureusement été classées sans suite mais j’ai bien compris qu’il s’agissait d’un mariage frauduleux ». Le marié « trompé » réussit à faire annuler le mariage « non consommé » en Algérie mais lorsqu’il demande le divorce en France, la mariée s’y oppose. « Entre-temps, elle m’a réclamé une contribution aux charges de mariage. On ne vit plus ensemble et, en plus, on me prélève 280 € sur mon salaire tous les mois ! ».
Les formulaires et autres photocopies s’entassent dans le dossier du plaignant qui a conservé les procès-verbaux où « Madame expliquait être bien traitée dans sa belle-famille ». « Elle a bien changé sa version ! », soupire le marié qui se dit « détruit » et « ruiné ». Il se bat désormais, aux côtés de ses deux avocats, pour faire annuler ce « mariage frauduleux ».
Controversé, un article de pénalisation des « mariages gris » avait été adopté l’an dernier dans le cadre du projet de loi d’Eric Besson sur l’immigration. Il prévoit 15 000 € d’amende.
Le jeune Creusotin doit se faire représenter aujourd’hui à Paris, à l’occasion du rassemblement national de victimes de mariage gris qui doit avoir lieu place de la Bastille de 10 heures à 16 heures, à l’initiative de l’Association nationale des victimes de l’insécurité (Anvi).